Eden était dans sa chambre, rêvassant. Elle serrait sa peluche contre elle, genoux repliés. Elle était seule, encore une fois. Elle pensa à l’Ombre, mais celle-ci ne viendrai pas. En effet, la petite fille était au troisième étage de son manoir, il était donc impossible qu’il l’atteigne sans passer par les portes et sans que les bonnes ne l’aperçoive. A moins qu’il ne grimpe au mur, mais ça, s’était complètement irréel. En un soupir, Eden balança avec force sa peluche à l’autre coin de sa chambre, se cognant à divers meubles, silencieusement. Ce n’était qu’une peluche après tout. La petite fille replia ses jambes sur elle-même, les tenants de ses frêles bras.  La jeune fille se leva soudainement, se dirigeant vers… Nulle part. Elle s’ennuyait fermement. Elle tourna autour de son lit, regardant les objets qu’elle possédait, pour pouvoir trouver une occupation digne de ce nom.  Son regard bleuté se posa alors sur sa table à coiffer. S’était une table, banale, qui comportait un miroir sur le dessus, et posé juste à côté, une brosse. La lady arrêta son pas, et avança vers la table. Là, elle s’assit sur un siège non loin, et, saisissant la brosse d’un mouvement ferme, brossa ses cheveux albinos. Ils étaient longs, aussi, la lady les rabattit sur le côté droit, afin de tous les brosser.  Eden regarda fixement le miroir pendant quelques minutes, se brossant sa tignasse indomptable. Des bruits de pas, venant des escaliers, se firent soudainement entendre. Eden ne bougea pas, elle continua de brosser ses cheveux, tandis que les bruits de pas s’intensifièrent. Elle ignorait qui venait lui rendre visite, mais, disons qu’elle s’en fichait un peu. Les pas s’arrêtèrent. On toqua à la porte de la chambre de la lady. Sans même prendre la peine de se lever, Eden glissa un « Entrez » entre ses lèvres. Dans le reflet de son miroir, elle put constater que s’était une des bonnes qu’elle employait. S’était Angélica. Angélica était une très belle fille, portant un chignon haut, blond. Elle avait des cheveux blonds et ondulés, et ses traits étaient impeccablement fins. Nul doute qu’elle a dû se trouver mille hommes voulant d’elle. Elle était, non sans dire, très belle, du haut de ses 21 ans. Le visage légèrement stressé, Angélica tenait quelque chose dans sa main droite, actuellement serrée en un point. En faisant une petite révérence, la bonne commença son discours.
« Bonjour Madame.
-Que puis-je faire pour vous Angélica ?  Dit Eden, semblant complètement désintéressée par la situation, s’occupant plus de ses cheveux que de sa bonne.
-Votre Gouvernante m’a demandé de vous donner ceci. » La bonne ouvrit son poing droit, et l’on put voir, au creux de sa paume, une bague. Une bague composée d’un anneau en or, avec des arabesques gravées dessus. Si l’on se penchait plus, on pouvait voir à l’intérieur de l’anneau, une écriture, « Clayton. » Sur le dessus de l’anneau, une magnifique pierre bleue foncé, ovale, ornait la bague. Eden, de ses doigts délicats, posa la brosse, et se saisit du bijou, toujours en silence. Elle glissa un regard à la bonne, lui disant de continuer.
« Cette bague vient de votre mère, on vient juste de la lui enlever de son cadavre. Il est de tradition dans la famille d’avoir la bague familiale. Bien évidemment, on ne pouvait pas la reprendre sur le cadavre de votre père, actuellement brûlé. » Le visage d’Eden se durcit cruellement à ses mots. La bonne venait de toucher un point sensible de la jeune, et elle allait subir les conséquences de son caractère exécrable. Eden fixait le miroir, contenant sa colère qui montait à flot. Les poings tremblants, elle se retourna brusquement vers la bonne. Celle-ci, en voyant le visage de sa maîtresse, ne comprit que bien trop tard qu’elle avait fait une gaffe. La lady se leva brusquement, et avec violence, se saisit du poignet de sa bonne, en le serrant. Puis, Eden ouvrit brutalement la porte, qui claqua contre le mur,  et jeta sa bonne hors de sa chambre, avec violence. Celle-ci faillit tomber dans les escaliers. La respiration haletante, Eden fixait sa bonne du haut de sa chambre. Puis, en tenant la poignée de la porte de sa chambre, elle cria à s’en casser la voix.
« NE PARLEZ PLUS JAMAIS DE MES PARENTS AINSI ! ILS NE SONT PAS DE VULGAIRES CADAVRES PUANTS, CONTRAIREMENT A VOUS, ANGELICA ! » Puis, la gamine claqua la porte de sa chambre, laissant sa bonne sur les escaliers, toute remuée. Il ne fallait pas en vouloir à la petite, après tout, la bonne venait de lui faire du mal, s’était juste normal qu’elle ripostait. De retour dans sa chambre, Eden se calma de nouveau, reprenant son regard hautain. Elle marcha lentement vers sa table à coiffer, là où elle avait posé la bague. Elle s’en saisit, et l’essaya à son index. Elle lui allait trop grande. En un soupir, Eden se dû se résoudre à la placer sur son majeur droit. Elle l’examina pendant quelques minutes, la tournant en fonction de la lumière, examinant ses moindres gravures, et détails. Le soleil se couchait peu à peu. Les rayons de soleil orange pénétraient dans la chambre de la demoiselle. Eden se vêtit d’une paire de collants asymétriques (le côté droit étant un collant haut de cuisse, tandis que le côté gauche arrivait à son mollet), d’une jupe rose, de ses bottes favorites, et d’un débardeur noir, sur lequel se trouvait un autre T-Shirt dévoilant ses deux épaules. Pour parfaire le tout, Eden mit un collier ras-de-cou en cuir, noir, avec un signe étrange dessus. Enfin, elle enfila une veste et une écharpe, et sortit en soirée.
« Où allez-vous Madame ?
-Je vais me promener.
-Faîtes attention à vous.
-Ne vous inquiétez pas, j’ai pris ceci. » Eden montra à ses bonnes un couteau en argent, déjà tâché de sang. Elles eurent toutes un haut-le-cœur en voyant le sang, mais la maîtresse s’en fichait éperdument. Elle rangea son couteau à l’intérieur de sa veste et claqua la porte. Dans la rue, tous les gens se pressaient. C’était pitoyable. Ils avaient sûrement peur des vampires. Certains couraient, c’était la panique. Eden était étrangement dans le sens contraire des autres humains. Elle se faisait bousculer, mais en même temps, du haut de ses 16 ans, elle n’était pas très grande. Elle était au bord de la Tamise. En un soupir, lassée d’être bousculée, elle s’assit sur un muret, près du bord de la Tamise. De son regard hautain, Eden regardait les gens courir contre la montre. C’est fou ce que les vampires attirent comme crainte. Un enfant s’arrêta devant la gamine, et de son regard froid, la Lady leva un sourcil, se faisant plus imposante –inconsciemment- face à lui. Le gamin repartit presque aussitôt en criant. Une voix s’éleva alors, dominant toutes les autres. Une voix de femme, très belle. Ça changeait des cris des passants ; Le soleil s’abaissait peu à peu, il n’y avait plus quelques rayons. Eden chercha l’origine de la voix, en vain. Il y avait trop de monde pour qu’elle puisse y voir quelque chose.

Spoiler:

Le soleil avait commencé à décliner lentement sur Londres. Heather, désœuvrée, déambulait dans les rues déjà presque vides de la ville. C’était impressionnant comme les gens pouvaient être effrayées facilement. Depuis cette histoire de vampires, plus personne ne mettait le nez dehors une fois que l’astre jaune avait disparu, ne laissant que l’ombre et la nuit derrière lui. Mais Heather n’avait pas peur. Elle était même plutôt intéressée par ces êtres que tout le monde craignait. Les vampires n’étaient ils pas censés être beaux, forts et tout ce qu’il fallait ? Pour elle qui avait une ribambelle d’amants, ca la tentait assez  d’ajouter un vampire à son tableau de chasse… Surtout que… Les vampires étaient immortels … Si elle se faisait mordre peut être deviendrait elle immortelle aussi. Ainsi elle n’aurait plus à craindre de … Mourir. Heather secoua nerveusement la tête à cette pensée : il ne fallait qu’elle s’encombre la tête. Elle risquerait de faire encore une crise de panique.  Et franchement, c’était bien la dernière chose dont elle avait besoin. Triturant toujours sa longue chevelure, elle bifurqua dans une ruelle et pris la direction du bord de la Tamise. Heather aimait bien cet endroit : il y faisait frais, et c’était un des rares endroit que le peuple londonien n’avait pas encore totalement déserté à la nuit tombée. La jeune femme marcha de longues minutes avant d’atteindre sa destination. Lorsqu’elle avait une soirée de congé – c’était le cas ce soir là- elle aimait chantonner quelques mélodies anciennes, allongée dans l’herbe verte et le nez dans les étoiles. En plus, ce soir, il faisait vraiment bon. Une belle petite nuit d’été.  Les passants se pressaient se bousculaient… Un jeune homme plutôt mignon la percuta. S’excusant en vitesse, son visage s’empourprait un peu plus de minute en minute, pour le plus grand bonheur de son interlocutrice.

- «  Euh… euh… Excusez moi Mademoiselle… je euh… Ne vous avez pas vue. »

Le demoiselle lui servi son plus beau sourire, l’œil aguicheur. Elle passa sa langue sur ses dents blanches, comme un prédateur près à dévorer sa proie.

- «  Ne vous en faites pas, je vais bien. »

L’autre en face triturait nerveusement ses mains. Heather sourit. Il était en train de tomber dans sa toile. Ca devenait de plus en plus facile pour elle de séduire, puis de jeter lorsque que l’homme ne l’intéressait plus. Elle venait même à douter du fait qu’elle puisse avoir des sentiments.

- «  Ah euh et bien… »

- «  Bonne soirée. »

Sur ce, la jeune femme tourna les talons, laissant derrière elle le pauvre bougre dont le cœur battait la chamade. Elle aimait que les hommes la désirent. C’était tellement amusant, tellement facile… Qu’en fait ça ne l’amusait plus. Si seulement un jour, un homme pouvait lui tenir tête, la remballer et tourner les talons… Ce serait pour elle le coup de foudre… Coup de foudre ? Non quand même, il ne fallait pas qu’elle exagérer, mais il serait tout de même plus intéressant que ces types dont le cerveau semblait avoir fondu en sa présence. Mais trêve de rêveries. Heather s’assis dans l’herbe au bord de l’eau et enleva ses chaussures blanches et vernies. Ses pieds fin et blancs disparurent dans l’eau trouble du cours d’eau. Lissant sa robe d’un revers de main, la jeune femme se mit à chantonner les paroles d’une chanson qu’elle avait chantée la veille au cabaret.

«  Don't lose your smile darling
'Cause it's my last chance to survive
My last chance to be someone else
So lie to me please.
Tell me that everything will be better for us.
If you're not by my side,
Who save me from myself ?
I don't care if it's all lies »

Sa voix se perdit dans le bruit de la ville. Mais ca ne faisait rien. Ce soir elle n’avait pas de public. Elle chantait cette ritournelle pour elle seule. Oui, ce soir c’était différent, elle était libre de tout …

Le brouhaha se vidait peu à peu, au grand bonheur d’Eden. Les derniers enfants couraient rejoindre leurs parents, tandis que les adultes, eux, pressaient leur pas vers leurs chères et tendres maisons. De son regard bleuté et affreusement hautain, la jeune fille ne manqua pas de regarder tout le monde, avec sa méfiance exceptionnelle. Enfin, le silence s’installa. La Lady put enfin profiter de la voix, qui, au loin, chantait. L’astre solaire faisait désormais preuve de ses derniers rayons, cachés derrière les bâtiments londoniens. Eden ne sut dire combien de temps elle resta là, assise sur son muret de fortune, à écouter la voix. En fin de compte, sa  curiosité l’emporta. Bien que de nature méfiante, Eden se trouve être une jeune fille très curieuse. Elle se leva donc de son petit mur pour aller rejoindre la voix de la femme, qu’elle pouvait entendre clairement au loin. Le vent fouettait ses cheveux albinos, et l’écharpe semblait s’échapper du petit cou de la jeune fille.  D’un coup sec, celle-ci ramenait l’écharpe près d’elle. Le vent en question était chaud, est assez agréable en fin de compte. En regardant les bâtiments londoniens face à elle, Eden pensa que, quand elle sera à un âge plus avancé, elle quitterait Londres pour aller ailleurs, laissant sa Gouvernante gérer l’entreprise familiale. Oui, car, en effet, Eden ne voulait pas de cette entreprise, qu’elle voyait plus comme un fardeau qu’un honneur.  Ca y est. Le soleil est parti. Le ciel était désormais tout noir, et on pouvait voir l’astre lunaire, se reflétant dans la Tamise. On pouvait aussi percevoir la dénommée « Etoile du Berger ». La plus brillante de toutes les étoiles. Au fur et à mesure de ses pas, Eden pouvait entendre la voix encore plus distinctement encore, au point où, elle arriva à sa source, cette jeune fille. S’était une jeune femme, longiligne, dans la vingtaine d’années tout au moins. Elle portait de longs cheveux bruns, soyeux, et raides, coupés nettement.  Elle avait aussi une magnifique peau de poupée, qui lui rappelait celle de sa mère, et, sur son visage d’ange, deux magnifiques prunelles améthystes. Inutile de dire que, cette femme devait avoir tous les hommes à ses pieds. Il ne serait donc pas étonnant de la voir deux jours de suite au bras de différents hommes. Eden enviait un peu, quelque part, ce charme. Pour sa part, la jeune fille n’attirait pas beaucoup d’homme, malgré son argent. Il faut dire qu’avec son affreux caractère, qui pourrait la supporter ? Aucun homme en tout cas. Et puis, de toute façon, Eden n’était pas foncièrement intéressée par le grand « Amour » avec un grand « A ». Regardant la jeune femme, de dos, Eden tripota sa bague familiale, comme pour vérifier qu’elle était là. Idem pour son couteau, qu’elle toucha à travers sa veste. La Lady resta quelques minutes ainsi, regardant la femme chanter. Sûrement, celle-ci n’avait pas dû la voir, étant donné qu’Eden était derrière elle.  La chanson que la femme inconnue chantait était une chanson d’amour. Ou de désespoir. Disons qu’Eden n’avait guère fait attention aux paroles de la musique hypnotisante.  Puis, silencieusement, la jeune Lady s’assit dans le sable chaud, toujours en jetant un léger regard méfiant à la jeune femme, qui, elle, trempait ses pieds dans l’eau. Regardant la lune s’avancer davantage pour surplomber les bâtiments Londoniens, Eden enleva sa bague de son majeur pour mieux la regarder avec les rayons de lune. Elle l’avait déjà vue et revue, mais cette bague était très belle, et précieuse. C’est pourquoi Eden ne se lassait jamais de la regarder. Elle soupira. Puis, par pure maladresse, la bague gicla de ses doigts fins et roula sur le sable fin. Se mordant la lèvre inférieure, Eden tenta de l’agripper pendant qu’il en était encore temps. Seulement, la bague ne l’entendait pas ainsi. Elle continua sa route, au point qu’Eden dut se lever pour la chercher. Finalement, le bijou ricocha aux pieds de la jeune femme, dans un ting sonore. Aïe… Pourvue que la jeune femme ne la ramasse pas pour la lui voler. Sinon, elle se mettrait dans une colère noire. D’un pas pressé, Eden arriva aux abords de la jeune femme, silencieusement, en la regardant de plus près. C’est  vrai qu’elle était encore plus belle de près. A en faire pâlir certaines personnes qu’Eden connaissaient. Des nobles. Autant dire que, les maigres prétendants qu’elles avaient n’étaient rien, comparés aux prétendants que devait avoir la jeune femme devant elle. D’une petite voix, Eden lâcha d’un anglais très soigné et poli.
« Veuillez m’excuser… » Puis, elle jeta un regard sur sa bague chérie, toujours aux pieds de la jeune femme.
« Je viens juste chercher ceci. » Dit-elle, en pointant la bague du regard.

Le soleil s’était définitivement éteint et la nuit avait à présent pris l’entière possession de Londres. Les gens se pressaient maintenant pour rentrer chez eux. Peuh. Que des trouillards. Vampires ou pas, Heather ne rentrerais pas avant une heure avancée de la nuit ce soir. A quoi bon passer sa soirée enfermée alors qu’il faisait tellement meilleur dehors. Absorbée par sa chanson, la demoiselle n’entendit pas l’inconnue s’assoir non loin, dans son dos. Aussi fut- elle bien surprise lorsqu’un petit anneau qui avait l’air de couter fort cher vint heurter ses pieds. Sortant de sa rêverie, Heather regarda les bijoux, puis se retourna, apercevant une jeune fille derrière elle. C’était belle fille, svelte, avec une chevelure impressionnante blanche et longue qui lui caressait les chevilles. Intriguée, Heather continua son examen : l’inconnue disposait également de jolis yeux bleus et d’une peau de poupée bien entretenue. Sa taille fine était mise en valeur par ses vêtements. Probablement une noble, en conclut Heather. L’inconnue pris la parole d’une petite voix tout à fais ravissante

- « Veuillez m’excuser... Je viens juste chercher ceci. »


Ceci ? Heather suivit son regard qui se posa sur le bijou. Ah. La bague était donc à elle. D’un mouvement gracieux, elle attrapa l’objet entre ses doigts fins et se redressa. Un pas en avant lui permis de se rapprocher de son interlocutrice pour lui rendre son bien.

- « Mais naturellement. »

Elle tendit la bague et la lui remis au creux de la main. Lissant un pli de sa robe blanche elle entortilla une de ses mèches de cheveux autour de son doigt. De nature curieuse, elle avait bien envie de savoir ce que faisait une jeune noble dehors à cette heure si tardive. Car en s’approchant d’elle, Heather c’était rendue compte de la jeunesse de la fille. Une quinzaine d’années voire seize mais pas plus. Heather décocha à la jeune fille aux cheveux blancs un sourire engageant qui brilla sous la pâleur de la lune.

- « Enchantée au fait. Je suis Heather Lewis. Dites moi, mademoiselle si ce n’est pas trop indiscret. Que fais une jeune à trainer dans la rue à une heure pareille ?

La jeune femme riva ses yeux améthyste dans ceux bleus de la noble. Elle ajouta, un brin complice.

- « Surtout, que les rues ne sont pas sures en ce moment… Toute ces bonnes gens on peur des Vampires … »

Heather se baissa pour récupérer ses chaussures blanches et se rechaussa d’une main d’un air blasé. Elle n’avait pas peur des vampires. Voyons voir si il en allait de même pour cette petite. Elle était plutôt attachante en fait. Peut être serais elle d’accord pour passer la soirée avec elle…Qui sait ?

Elle fixa du regard la parfaite inconnue, qui, d’un mouvement des plus gracieux ramassa la bague.  Puis, d’un pas, elle s’approcha d’Eden. Surprise, celle-ci ramassa la bague se trouvant dans la paume de la jeune femme en gardant un regard sur elle. D’un petit soupir, Eden remit sa bague à son majeur, tout en relevant sa tête vers la jeune femme qui lissa un pli de sa robe, puis, entortilla une de ses mèches de cheveux autour de son doigt. Puis, la jeune inconnue sourit à Eden qui, malheureusement, resta de marbre. Sourire ? Elle ne connaît pas. Enfin, disons plutôt qu’elle ne sait plus le faire, peut-être qu’à une époque elle le faisait ? Ouh là, c’est lointain alors. Puis, la jeune femme enchaîna sur sa lancée.  Ainsi donc, la jeune femme se devant elle se prénommait Heather Lewis ? Intéressant. C’était un prénom peu commun, mais pourquoi pas. C’était assez joli. Heather planta ses beaux yeux violets dans ceux d’Eden. Autant dire que la jeune noble haïssait cela. Mais bon, c’était supportable, au point qu’elle n’en pique pas une crise phénoménale. Heather enchaîna. Ah ? Les vampires ? Eden n’en avait nullement peur, si c’est ça qu’elle voulait savoir. Eden ferma paisiblement ses yeux, en répondant à la première question de son interlocutrice, qui, ma foi, semblait très curieuse et assez bavarde.

« Pour ma part, je me prénomme Eden Clayton, troisième du nom. Je vous rassure, Madame, cette question n’est point indiscrète, je me permets même d’y répondre. »

Reprenant son inspiration, Eden fixa de nouveau Heather. Vraiment, rien à redire sur elle. Elle était vraiment belle. Superbe même. Magnifique ne serait pas un peu trop ? Non, pas pour elle. Mais prudence. Car même une jeune fille au corps d’ange peut avoir un caractère de garce. Eden ne le sait que trop bien. Le charme des manipulateurs est totalement son domaine. Elle connaît à peu près tout, sur le bout des doigts. Elle fixa longuement Heather, la regardant quitter l’eau de la Tamise pour remettre nonchalamment ses chaussures, d’un air peu enthousiaste.  Eden croisa ses bras sous sa poitrine presque inexistante et, d’un air un peu hautain –qui s’affichait malgré elle-, elle continua à parler.
« Je n’ai pas peur des vampires, contrairement à ces pauvres gens trop faibles pour comprendre que les vampires ne sont pas une menace si importante qu’on le pense. »

Elle lâcha un petit soupir, dédaigneusement. C’est vrai, ils étaient affreusement peureux. C’en était lassant, et surtout énervant. Les vampires ne sont pas si effrayants qu’ils en ont l’air, c’est juste leur imagination qui les rend plus effrayants. Il en faut beaucoup plus pour effrayer Eden, comme… L’Ombre par exemple ? Bah, elle ne pouvait pas se manifester maintenant puisqu’il y avait Heather. Alors, inutile d’avoir peur. Eden rejoignit Heather sur le sable, et mettant ses cheveux albinos sur son épaule droite, elle s’assit. Là, elle regardant la lune, qui montait peu à peu dans le ciel, lentement. On pouvait voir son reflet sur l’eau de la Tamise, tandis qu’Eden rouvrit sa bouche, pour répondre, une fois de plus, aux questions de son interlocutrice.
« Ce que je fais ici ? Eh bien, je ne sais pas… Je pense que je me balade, comme tous les soirs, sûrement. Puis, j'ai entendue votre voix, qui est d'ailleurs très belle, et je suis venue ici.»

Bah, là, Heather allait prendre Eden pour une folle, mais elle s’en fichait un peu, au fond. Eden titilla une nouvelle fois sa bague adorée, la faisant tourner autour de son majeur, en regardant une énième fois les gravures. Même si elle les a déjà vues, pour Ede, c’était étrange de savoir que, cette bague était, il y a à peine quelques jours, sur le cadavre de sa mère. Et dire qu’elle n’allait même pas sur sa tombe. Elle le pourrait, mais elle essayait d’effacer l’existence de ses parents dans son esprit et dans sa vie, c’est pour cela qu’elle n’appréciait pas que les bonnes parlent de ses parents en sa présence.

Eden Clayton…. C’est donc ainsi que se prénommait cette jeune fille. Troisième du nom qui plus est. Et bien , ce n’était pas une noble de pacotille cette demoiselle décidément. Heather était impressionne par la manière de s’exprimer d’Eden. Et puis ce prénom… Eden signifie délice. Et en effet, la jeune fille n’était pas désagréable à regarder , loin de là, malgré son manque évident de poitrine. Pourtant … Pourtant cette fille avait l’air triste. Comme si un mal, un malheur déchirant la rongeait, déchirant son âme de l’intérieur. Sous l’air hautain de son interlocutrice, Heather percevait tout cela. C’était d’ailleurs parce qu’elle arrivait à deviner ce que le gens tentaient tant bien que mal de dissimuler qu’elle était une manipulatrice diabolique. Se servir des gens était pour elle une distraction. Lorsqu’on était intelligente et perspicace pourquoi ne pas sans servir ? Il n’y avait pas de mal à cela. Mais ce soir Heather n’avait pas envi de se servir d’Eden. La jeune fille lui inspirait un élan de tendresse nouveau pour elle. Heather avait envie de s’occuper d’elle comme d’une … petite sœur ? C’était nouveau pour la jeune femme aussi se surpris elle, elle même à penser comme cela.  Pour être franc il y avait très peut de personnes dont elle se souciait… Théo, le commis, quelques artistes du cabaret, son patron et une poignée à peine d’autres personnes devait être les seuls à qui elle témoignait un peu d’attention et d’affection.  Pendant qu’elle réfléchissait, Eden, répondit à sa question sur les vampires. Et Heather se rendit compte qu’elle était plutôt d’accord avec les propos de la jeune fille ;

- «  Trop faibles oui … Je pense que c’est le mot. Ils se laissent dominer par leurs peurs et leurs émotions, et cela, revient à être faible. »

Un sourire vint illuminer le visage d’Heather quand Eden vint prendre place à côté d’elle, s’asseyant sur le sable. Elle répondit à sa seconde interrogation.  Ainsi donc elle se baladait lorsqu’elle avait été attirée ici par sa voix. Oui. Entendre n’était pas le bon mot. Attiré était un meilleur verbe pour désigner cela. Car les gens était réellement attirés par sa voix. Et elle, Heather, les emprisonné dans une toile de plaisir, le temps de sa chanson. Puis, telle l’araignée elle les dévorait. Enfin façon de parler, elle faisait juste les poches aux plus riches d’entre eux. Mais elle ne dépouillerait pas Eden. Comme elle l’avait pensé plus tôt cette fille la faisait sentir responsable. Comme si il était dans le devoir de la chanteuse de la protéger. Etrange, vraiment.

- «  Merci pour le compliment Eden. Je peux vous appeler Eden ? J’aime bien chanter ici les soirs ou je suis libre c’est assez apaisant. »

Heather plongea ses doigts dans le sable chaud en se rasseyant  également. Après tout elle n’était pas pressée. Remarquant que la demoiselle à coté d’elle tripotait encore sa bague elle ne put s’empêcher de lui faire une remarque.

- «  Cette bague à l’air importante pour vous. Si je puis me permettre je pense que vous devriez la garder à votre doigt. Vous auriez ainsi moins de chance de la perdre. »

Et la voilà qui se comportait comme une mère poule. Ce soir Heather se trouvait vraiment étrange. Peut être à cause de la lune… Les changements lunaires affectaient toujours son humeur de manière étrange Parfois, elle avait envie de faire des choses qui étaient totalement en désaccord avec son caractère marginal et particulier. Heather se tourna vers la jeune femme aux cheveux blancs, tentant de voir au fond de ses yeux ce qui pouvait la rendre si froide et hautaine en apparence. Parce qu’il était anormal qu’une adolescente ai cette attitude… On ne devenait froid ou distant avec les personnes que lorsqu’on avait subi une grande souffrance c’était connu. Alors, quels mystères pouvaient bien cacher Miss Clayton hein ?

- «  Dites moi.... Vous m’avez l’air triste.  Qu’est ce qui ne va pas ? »

Elle avait employé un ton doux. Mais Heather se rendit compte que la jeune fille ne lui raconterait surement rien. Quel intérêt de raconter ses soucis à une inconnue hein ? Qui plus est une femme comme elle. Elle secoua alors la tête, sa longue chevelure caressant ses épaules et son dos dans un va et vient saccadé.

- «  Hum. Non oubliez ce que je viens de dire. Ma dernière question était vraiment indiscrète. »

Heather ne voulait pas être indiscrète avec Eden. Avec d’autre ça ne la dérangeait pas. Mais pas avec Eden. Elle était encore petite après tout. Elle ne voulait pas l’effrayait ou quoi que ce soit avec ses questions.  Une fois n’était pas coutume…

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