Malheureusement, toute vie commence avec la naissance. Aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs ; mes parents biologiques étaient infectes. Quand je dis infecte, c’est que ce ne sont même pas des humains… Ou du moins, ils n’ont aucuns sentiments. Ma mère ? Elle passait le plus clair de son temps dehors, surement à faire le tapin. Mon père ? Alcoolique. Et je pense que je n’ai même pas besoin de préciser que quand il était beurré comme une boule de billard, que ma mère n’était pas là et que j’étais seul avec lui, il arrivait des choses que j’aurais voulu oublier pour tout au monde. Bien entendu, ce n’est pas le cas, et je n’en dirais pas plus. Dans tout les cas,
je ne servais à rien. Quoi, « comment ça » ? Vous avez très bien compris.
Je n’avais aucune utilité pour mes parents. Un gosse, c’est une bouche de plus à nourrir. Encore que là, si j’avais été un gosse « normal »… Y’en avait deux, je vous le rappelle. Partager mon corps avec mon frère, c’était quelque chose d’horrible. Des maux de têtes m’affectaient à longueur de journée, et parfois, j’avais l’impression de ne plus savoir ce que je faisais, ou même ne plus savoir qui j’étais. Voyez-vous, il n’y avait pas que moi qui avais peur de cela. Mes parents aussi. C’est pour cela que vers l’âge de 5 ans, ils me jetèrent sans scrupule dehors. J’avais dû errer par la suite durant deux mois, à voler pour me nourrir, mais l’hiver m’avait vite rattrapé et rappeler à quel point la vie était cruelle ; alors la neige m’envahit tellement un matin, que je ne pouvais plus bouger. C’est quelqu’un qui m’avait soulevé de là, quelqu’un et oui, ça ne m’avait fait ni chaud ni froid ; quand on ne pouvait plus bouger tellement la faim, le froid et le néant vous avait conquit, nous n’avons que faire d’où notre corps pouvait être emporté. Par une chance des plus curieuses, on m’avait posé dans un logis fabuleux…
Nourrit, logé, aimé. Les deux, je les connaissais brièvement, mais le troisième… Jamais je ne l’avait connu auparavant. Toutefois, malgré toute la gentillesse et l’attention que mes deux nouveaux parents m’avaient donnés, j’étais resté un enfant taciturne, froid et distant, qui ne supportait pas le contact physique –chose laissée grâce aux actes de mon très cher père au passage. Je pu toutefois m’épanouir quelques peu, et ce fut d’ailleurs à cette époque que Lawliet ne fit rien… pour se montrer horrible. Je me sentais bien, lui aussi, et tout allait pour le mieux. Néanmoins, dès qu’il s’agissait de m’approcher, j’avais du mal ; donc vous imaginez bien que lorsque j’étais malade et qu’il fallait que je prenne des médicaments ou qu’on m’applique de la pommade, c’était la seconde guerre mondiale à la piaule. Ça criait, courait dans tout les sens… Mais au final, c’était toujours cette très chère Aria –ma seconde et pour moi vraie mère- qui gagnait. Je finissais par me plier à ses souhaits, et tel un enfant bien éduqué, je me laissais faire. Elle m’avait adoucit, et fait renoncer bien vite à la haine envers mes géniteurs, ce qui me soulagea d’un très grand poids.
U.C